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lundi 5 avril 2010

Avatar (Cameron, 2009)

Chez Cameron, la civilisation industrielle triomphante représente au mieux l’effort dérisoire d’une humanité orgueilleuse que les forces de la nature ramènent à la dure réalité à coups d’icebergs (Titanic), au pire la promesse d’un cercle vicieux de l’absurde et de la dévastation (Terminator) ; de toutes façons, homo prétendument sapiens ne comprend rien à rien, les messages de paix et d’harmonie n’atteignent qu’une poignée de convertis héroïques qui se sentent très seuls au moment de revenir parmi leurs congénères, bipèdes hébétés et incrédules (Abyss).

Dans son nouveau film, le cinéaste canadien n’est pas tendre avec des terriens conquérants facilement identifiables comme la représentation de ses chers voisins états-uniens, au travers de l’alliance douteuse (et probablement réaliste) entre des industriels cupides et superficiels et des militaires maniaques de la gâchette. Autant de colons lourdauds et violents en butte à une Mère Nature interprétée à la manière mystique et panthéiste, alla Miyazaki.

Ecologiste à défaut d'être réellement pacifiste (comme souvent outre-Atlantique, si vis pacem...), le propos lui-même n’est pas nouveau, pas plus que les moyens de la démonstration : une Pocahontas bleue et bondissante, de "bons sauvages" en communion avec la nature, le parcours initiatique d’un ancien soldat devenu ethnologue malgré lui, la bataille finale où le cinéaste souvent contemplatif se révèle tout feu tout flamme. Heureusement, Cameron n’en reste pas au pragmatisme du film à message. Il choisit délibérément le genre du conte (alternativement féérique et épique) en en acceptant les passages obligés. En résulte un récit conventionnel mais décomplexé qui incite à reconnaître qu'un peu de merveilleux ne fait pas de mal de temps en temps.

On sait l'auteur, depuis Titanic, poète du décor. Il invente ici un environnement foisonnant dans lequel l’homme disparaît et où plane encore l’ombre de Miyazaki : îles célestes, arches de pierre, arbres géants, labyrinthes végétaux. Une nature tantôt monumentale, tantôt féérique, submerge les personnages et impose sa puissance. C’est sans doute en cela que l'œuvre justifie son statut de manifeste du cinéma en relief ; personne ces derniers temps, à l’exception de Peter Docter (La-haut), n’avait fait « parler » la stéréoscopie d’une telle manière. Pesant gadget ailleurs, le procédé sert ici au mieux la beauté d’un paysage tour à tour enjôleur ou menaçant, qui semble absorber personnages et spectateurs.

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